Regarder par la fenêtre et se voir vieillir
En laissant quelques paysages charmeurs derrière soi
Les fruits pourrissants dun verger jamais moissonné
Aujourd'hui cest de toute cette hauteur
Que j'ai ressenti le vertige de nos douceurs partagées
Regarder défiler les arbres plantés dans les champs
Figés, se dire que nous n'avons
Jamais pris le temps d'être immobiles.
Voir passé à toute vitesse notre rencontre nos étreintes
Rester fixé à jamais sur un de mes baiser préféré
Scruté la malice de tes yeux chéris
Se sentir bercé par le souvenir de nos voix amoureuses
Celles que j'aimais
Je regardais par la fenêtre et je dessinais un O sur la vitre embuée
Je projetais des combats possibles
Des batailles aux victoires éclatantes
Regarder par la fenêtre et voir les choses partir
Seffacer dans le bruit fracassant de ton silence
Des jours qui se levaient, les uns après les autres
Avec comme seule compagne la méthode
Linéluctable goût de la sécheresse sur oreillers
Les jours se levaient et nous nous séparons un peu plus
Jai reconnu les aiguillages qui m'éloignaient de toi
Regarder par la fenêtre
Et voir que je me suis trompé de direction ravi alors
Penser à toutes les correspondances
Quon aurait pu prendre pour aller plus loin
Pour voyager à deux, pour tenter l'inconfort
Des couchettes nocturnes
Pour baiser dans le vacarme des roues d'acier
Puissantes mâchant l'air des campagnes endormies
Regarder par la fenêtre et voir
Que l'on aurait pu s'arrêter dans une gare inconnue
Sétonner de nos peurs et en rire
Baiser dans un hôtel crasse
Dans des chapelles de craie, des grottes et des mausolées
Baiser et en rire
Regarder par la fenêtre
Et se moquer des vaches indolentes et des chiens teigneux
Mettre à nos genoux les religions et les lois
Regarder par la fenêtre
Et rêver fuir vers la joie complice de nos peaux réconciliées.
Désobéir à l'évidence, changer l'itinéraire de rage
Mais voir s'enfiler des kilomètres de tunnels déjà pris
Des prairies monotones, plates, entendre les mots rabâchés
Mastiquer les plaisirs assouvis jusqu'à l'indigestion
Comprendre que la faiblesse ne nous amènera nulle part
La honte, l'ignorance, l'hypocrisie et ton mensonge
Nous ferons taire, pour revenir une enveloppe
Terne de tendresse humiliée.
amicalement sof_sof
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